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jeudi 3 octobre 2013 JEAN VILLANOVE HISTORIEN CATALAN
Dans le texte publié ici, Jean
Villanove nous raconte un des passages les plus douloureux de la Catalogne et
quelles conséquences terribles le Traité des Pyrénées eut pour les Catalans du
nord. La blessure qui en a résulté saigne encore aujourd’hui et ne guérira qu’avec
la réunification de la Catalogne, enfin indépendante et libre ! Je remercie Jean Villanove
de m’autoriser, comme ce fut le cas en avril 2012 sur mon défunt blog*, à
publier un de ses textes. Louis XIV, bienfaiteur de
Versailles. Louis XIV, fossoyeur du
Roussillon. __________ Le mardi 17 septembre
Antenne 2 avait mis le paquet : deux heures de propagande destinée à placer sur
un piédestal le Roi Soleil. Nous avons pu visiter en long et en large toutes
les constructions décidées par cet homme épris de grandeur. Et, il est vrai que
pour les Versaillais, ce fut une aubaine… hier comme aujourd’hui. Alors, quel
est le problème ? C’est que, lors de cette émission, les Catalans d’origine et
d’adoption, confortablement installés dans leur fauteuil, ont suivi les
réalisations du grand homme, et peut-être même avec une certaine fierté.
Justement, comment évaluer l’œuvre d’un souverain ? Pour ma part, un souverain
doit être estimé sous trois angles : les institutions, la culture,
l’architecture, bref, ses rapports avec les gens. Abordons les institutions. Louis XIV ne fut pas
exemplaire. Il ne convoque pas d’assemblée de députés, appelée en France «
Etats Généraux » : il est un souverain absolu. Dès lors, pourquoi
respecterait-il ses engagements ? Le traité des Pyrénées, signé de sa main en
1659, est jeté aux oubliettes. Il impose ses propres règlements à la province
du Roussillon. Or, ne l’oublions pas : la première vertu intangible des
Catalans, c’est le respect des Lois écrites qui, depuis quatre siècles, étaient
votées par l’Assemblée des Députés (les Corts) dont l’application stricte était
surveillée attentivement par la Generalitat de Barcelone et sa « succursale »
de Perpignan. Face aux agissements de Louis XIV, la population commence à
gronder en brandissant les articles du traité des Pyrénées ; on lui rappelle
qu’il doit respecter les institutions catalanes : il s’y est engagé. Depuis 600 ans, les Consuls
de Perpignan sont élus par les habitants, les nobles et les clercs étant exclus
des élections. C’est ainsi que, à partir de la longue liste des Perpignanais en
âge de voter - le « Registre des Matricules » - les douze élus, qui forment le
Consulat de la Vila, étaient issus de toutes les professions, allant des plus
riches aux moins riches. Lorsque Louis XIV découvre cette pratique, que
décide-t-il ? Il demande à son ministre Louvois de « purger » les
registres et de choisir les meilleurs sujets qui seraient approuvés par le roi
! En fait, les élections sont remplacées par des nominations. Puis, on
s’attaque aux « institutions nationales catalanes ». Aussitôt, les
Perpignanais adressent au roi cette supplique : « abolir la députation des
Catalans des Comtés du Roussillon et du Conflent et des autres terres de
Cerdagne va être d’un grand désavantage pour votre majesté et détresse pour ses
fidèles vassaux ». En réponse, les nombreuses institutions catalanes qui
fonctionnaient côte à côte sont dissoutes. Désormais, ce sera un Intendant qui
couvrira tous les pouvoirs : civil, militaire et judiciaire. Ce nouveau système
sème la révolte dans le pays catalan ! Face à ce peuple
désobéissant et insensible à la grandeur, Louis XIV répond qu’il faut « envoyer
insensiblement des prêtres français et sortir les naturels du pays ». Puis,
contrairement à ses engagements mentionnés dans le traité, il rétablit l’impôt
sur le sel détesté de tous : la gabelle ! Or, elle avait été supprimée en pays
catalan en 1282 ! Cette ordonnance met le feu aux poudres et c’est alors qu’éclate
la révolte des Angelets de la Terra dirigée par Josep de la Trinxeria
originaire de Prats de Mollo. Désormais, deux points de vue s’opposent :
sont-ils des résistants ou des terroristes ? Quand un meneur est pris par les
armées de Louis XIV, il subit tous les tourments, et sa tête est placée dans
une cage de fer et accrochée sur un mur : à Villefranche du Conflent et à
Salses ; à Perpignan, elle était suspendue à la Loge de Mer. Des dizaines de
Catalans sont condamnés à mort avec confiscation de biens, trente villages sont
condamnés à de fortes amendes. Venons-en à la culture. Alors, le Louis XIV, va
frapper un grand coup. Le protecteur de Molière estime que la langue catalane
est « contraire à son autorité, à l’honneur de la nation française et même à
l’inclination des habitants des dits pays ». Ordre est donné « aux
juges, avocats, procureurs et notaires de faire sentence, procédures et
contrats publics en langue française ». Aussitôt, les protestations
arrivent dans les mains du roi : « ni le curé, ni le notaire, ni les témoins
ne pourront entendre les dernières volontés du testateur et qu’il est certain
que la plupart mourront sans testament ». Alors, le roi soleil ajoute : «
Sa majesté veut et entend que tous les habitants de la ville de Perpignan, comme
étant la capitale du pays, et qui par conséquent doit montrer l’exemple aux
autres, soient dorénavant vêtus à la française ». Penchons-nous sur l’architecture.. Inutile de vous dire que le
bâtisseur de Versailles va jeter un œil hautain sur l’architecture catalane ;
il entame une campagne de destructions en Roussillon. Les armées de Louis XIV
vont raser les maisons des « terroristes » à Prats de Mollo, à Saint Laurent de
Cerdans, Arles, etc. Le village d’Ayguatebia est totalement rasé suivant la
courrier envoyé à Versailles : « l’on a razé et tout a fait destruict le
village daiguettebia » (il sera reconstruit ailleurs). Les paysans sont
réquisitionnés à titre de corvée pour démolir les murailles d’Elne, d’Arles, de
Prats, etc. Du point de vue symbolique, le château de Ria, qui a vu naître
Guifré el Pelos, fondateur de la dynastie des comtes et des rois catalans, est
entièrement rasé. Puis, ce sont Villefranche
et Collioure qui sont visées. Au cœur de Villefranche, les Franciscains
possèdent une église avec son clocher et un cloître. L’église mesure de 31
mètres sur 6 ; le cloître, probablement sur deux étages, environ 25 sur 25 ; la
galerie couverte avec 44 colonnes est large de 4 mètres. Vauban les fait raser
: avec les pierres récupérées, il renforce les fortifications élevées par les
Catalans pendant le Moyen Age. Sur la colline qui domine la cité, il fait
construire un fort : avec quelques canons, il peut bombarder Villefranche
toujours prête à se révolter ! Le port de Collioure
reflète l’idéologie du nouveau pouvoir. Vauban décrète que Collioure, telle
qu’elle est bâtie, n’est pas facilement défendable. Que décide-t-il ? Il faut,
dit-il, raser un tiers de la ville. Or, dans ce secteur, il y a l’église, la
Casa del Consolat et de belles bâtisses. Evidemment, la population de Collioure
refuse de démolir sa propre ville… alors, Louis XIV promet d’indemniser les
habitants en leur attribuant la somme de 15.000 livres. Premier versement de
255 livres en 1684… le reste sera versé en 1715, un an après la mort du roi ;
cette somme servira à construire une nouvelle caserne qui abritera les soldats
français. Je pourrais continuer
encore cette longue liste. Je terminerai par la Loge
de Mer qui fut défigurée un peu plus tard. A l’intérieur deux parties ; l’une,
la plus grande, est réservée au commerce ; l’autre, séparée par une magnifique
balustrade en bois sculpté, abrite une chapelle. Mailly décide de transformer
la Loge en théâtre où seront donnés des spectacles en français. Pour cela, on
détruit la balustrade et le plafond en caisson. Le tableau de la Sainte Trinité
qui ornait la chapelle, se trouve actuellement au musée Rigaud. Un mot sur les rapports
entre Catalans du nord – les Roussillonnais – et les Catalans du sud. Depuis
des siècles, il y avait des échanges commerciaux et des mariages. En y
réfléchissant un peu, si nous remontons le temps, nous voyons les Wisigoths,
puis les Romains, puis encore les Ibères… à ces époques, les échanges et les
unions ne se préoccupaient pas des frontières. Et voilà que Louis XIV interdit
les mariages entre les jeunes gens du Roussillon et ceux de la Catalogne ! Et,
pour la noblesse, sous peine de confiscation des biens. Malgré tout, j’ai noté un
point positif : Mailly va conserver l’université de Perpignan fondée vers 1360
par le roi Pere el Ceremonios, celui-là même qui avait fait bâtir le Castillet.
Mais, ne nous réjouissons pas trop vite : la Révolution Française la supprimera
en 1793 et continuera de lutter contre la langue catalane qui « abâtardit
l’esprit ». Bref, à la mort du Roi
Soleil, la province du Roussillon, harcelée de toutes parts et brutalement
séparée de Barcelone, est ruinée. Oui, il se peut que Louis
XIV soit le bienfaiteur de Versailles, toujours est-il qu’il est le fossoyeur
du Roussillon. Les Catalans finiront même par récompenser ceux-là mêmes qui
avaient brutalisé leur pays. Sinon, comment expliquer le nombre de rues Vauban
à Villefranche, à Collioure, à Perpignan, etc. Les Occitans ont fait un autre
choix : ils ont refusé de donner un nom de rue à Simon de Montfort qui, au
XIII° siècle, a pillé l’Occitanie au nom du roi de France. Pas de rue à son nom
ni à Narbonne, ni à Carcassonne, ni à Albi. Même si c’est douloureux de
le reconnaître, au fil des années, les Catalans finiront par tomber dans la résignation.
Or, la résignation est la pire des choses qui puisse s’abattre sur une personne
ou sur un peuple. Un jour, un rayon de soleil
franchira le plafond de la résignation et nous redécouvrirons l’éclat de
l’espérance. Jean Villanove Ci-dessous le texte de Jean Villanove publié le 2 avril 2012 sur mon défunt blog* et la présentation que j’avais faite alors de l’Historien Catalan. Jean Villanove : « Nous n’avons à dire merci à
personne » Jean Villanove est un
écrivain Catalan dont le remarquable travail sur l'Histoire de la Catalogne a
contribué à faire mieux connaître, et pour certains même à découvrir, le passé
de notre beau pays, de Jaume le Conquérant à nos jours. Jean Villanove vient
de publier un ouvrage de 56 pages qui s'adresse, selon ses propres termes,
"aux personnes qui
connaissent peu ou insuffisamment le « fait catalan »." Le titre de cet
ouvrage définit à lui seul l'état d'esprit des Catalans d'aujourd'hui puisqu'il
s'intitule : «Nous
n’avons à dire merci à personne » et
donne évidemment envie de courir acheter le livre qui révèle pourquoi nous,
Catalans de soca arrel, "n'avons à dire merci à personne" !
Ci-dessous le chapitre
sur les langues que Jean Villanove m'a autorisé, très aimablement, à
publier sur mon blog* ce dont je le remercie très amicalement. Le poignard et la gomme. A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, le monde fut terrifié en découvrant les horreurs des camps de concentration. Il n’existait pas de mots pour décrire les actes barbares et les motivations qui avaient conduit à l’extermination de plusieurs communautés : juifs, tsiganes, etc. Il manquait au vocabulaire un mot, celui qui serait le reflet exact de ces abominations. C’est Rapahël Lemkin qui, en 1944, inventa le mot « génocide ». Le terme « genos » signifiant en grec ancien « lignée, famille, clan, groupe, race » et le suffixe « cide » qui est un mot latin qui signifie « tuer ». Le génocide est la destruction méthodique d’un groupe ethnique. Le nouveau mot « génocide » sera donc utilisé au procès de Nuremberg et à l’ONU en 1948. Cependant, le terme devenait impropre pour décrire un problème, que nous ne pouvons pas comparer par une différence dramatique, mais de la même famille. C’est le cas des peuples conquis militairement, lesquels bien que non exterminés, avaient perdu leur langue, leurs traditions, leur histoire. Certes, les membres de cette communauté restaient en vie… mais leur identité propre était effacée. A ce moment-là, le terme de génocide était inadapté. Alors, on inventa le mot « ethnocide » : c’est la destruction des caractères sociaux et culturels d’un groupe humain par un autre groupe plus puissant qui finit par imposer ses propres caractères. Dès lors, il est bien difficile d’établir la liste interminable des ethnocides : les Incas, les Mayas, les Indiens d’Amérique, les peuples d’Afrique Noire et du Maghreb, les peuples d’Australie, etc. Aussitôt, certains se pressèrent d’ajouter les Bretons de France, les Corses, les Occitans, les Basques, les Catalans, etc. Finalement, l’ONU pressée par les pays « colonisateurs » rejeta le terme d’ethnocide et choisit le terme plus nuancé de « assimilation forcée ». Cependant, des personnes haut placées ne baissent pas les bras. En 2005, Patrick Le Lay, l’ex-patron de TF1, accusa la France d’avoir procédé à un « génocide culturel de la langue bretonne » ; il fut soutenu par PPDA qui raconta lors de l’inauguration de la chaîne TV Breizh (chaîne de la Bretagne) comment parler breton à l’école était passible de punition. Nous savons qu’en Amérique, à partir de 1492, les Espagnols provoquèrent chez le peuple maya tant de pertes physiques et tant d’effacements culturels que l’on hésite entre génocide et ethnocide. L’inquisition chrétienne des Espagnols fit brûler des milliers de livres : aujourd’hui il n’en reste que quatre – appelés Codex, ils sont pliés en forme d’accordéon – qui ont permis de déchiffrer l’écriture très sophistiquée des mayas. Savez-vous que chaque mot pouvait être écrit de quatre façons : d’abord par un glyphe qui symbolise le mot, ou par syllabes, ou par plusieurs glyphes superposés, ou en ajoutant un motif caché. Vous rendez-vous compte de la gymnastique de l’esprit pour en arriver là ? Bien sûr, l’alphabet latin avec consonne et syllabe est plus « efficace », mais c’était un autre monde. Combien de trésors littéraires, juridiques, historiques perdus à tout jamais ? Le séjour que j’ai effectué au Mexique m’a permis de constater combien les populations restent très attachées à ce passé douloureux, même les métis qui sont très nombreux. Maigre consolation, les Catalans n’ont pas participé à ces violences. A cette époque, le royaume d’Espagne était composé de deux entités différentes mais placées sous une même couronne : le royaume de Castille et la confédération Aragon-Catalogne-Valencia. La confédération fut interdite d’Amérique jusqu’en 1714. Donc, pour être précis, ce sont les Castillans – et non les Espagnols comme on le répète sans cesse - qui ont conquis les vastes régions d’Amérique où ils ont imposé sans pitié ni compassion leur langue et leur culture. Cependant, il convient de nuancer le propos. Car, si nous faisons le tour du monde des communautés, nous constatons que chaque peuple se juge meilleur que son voisin ! Les Français se moquent des Suisses, les Suisses ironisent sur les Autrichiens, etc. Dans des régions arctiques où la vie est extrêmement difficile, chaque communauté se nomme dans leur langue : « nous sommes… les hommes », ou «… les gens » ou «… les humains ». Sachez que, comme nous, eux aussi ricanent sur leurs voisins ! C’est donc inscrit dans la nature humaine : pour chacun d’entre nous, il y a « mon peuple » et le reste du monde ! Mais de là à provoquer un génocide et même un ethnocide, c’est un pas que peu de peuples ont franchi. En fait, le monde occidental, c’est-à-dire l’Europe, est un cas particulier : on est parti du principe, sans état d’âme, que l’autre est perfectible ; si l’on pratique un « bon enseignement », l’autre va oublier qui il est, puis il deviendra civilisé. Ainsi le « sauvage de la tribu » devient un « citoyen de l’Etat ». Connaissez-vous l’argument imparable ? « C’est pour ton bien que nous t’avons transformé ». Alors, parmi ces peuples
agressés certains s’effondrent et sombrent dans la résignation ? D’autres, au
contraire, réagissent avec vivacité ? Je vous livre le poignant discours que le Chef Sioux
Hunkpapa, adressa à son peuple en 1873 : « Voyez mes frères, le printemps est venu ; la
terre a reçu l'étreinte de soleil et nous verrons bientôt les fruits de cet
amour. Chaque graine s’éveille et de même chaque animal prend vie. C’est à ce mystérieux
pouvoir que nous devons nous aussi notre existence ; c’est pourquoi nous
concédons à nos voisins, même à nos voisins animaux, le même droit qu’à nous
d’habiter cette terre. Pourtant, écoutez-moi, vous tous, nous avons
maintenant affaire à une autre race – petite et faible quand nos pères l’ont
rencontrée pour la première fois – mais aujourd’hui grande et arrogante. Assez
étrangement, ils ont dans l’idée de cultiver le sol et l’amour de posséder est
chez eux une maladie. Ces gens-là ont établi beaucoup de règles que les riches
peuvent briser mais non les pauvres. Ils prélèvent des taxes sur les pauvres et
les faibles pour entretenir les riches qui gouvernent. Ils revendiquent notre
mère à tous, la terre, pour leur propre usage et se barricadent contre leurs
voisins ; ils la défigurent avec leurs constructions et leurs ordures. Cette
nation est pareille à un torrent de neige fondue qui sort de son lit et détruit
tout sur son passage. Nous ne pouvons vivre côte à côte. » Or, ici, nous touchons du doigt ce que nous nommons « vision uniforme du monde ». Il faut bien admettre que l’Etat Français est le grand spécialiste de la centralisation – système prôné par les Organisations marxistes sous le nom de « centralisme démocratique » –. Lors de la Révolution Française, le royaume était composé de régions plus ou moins étendues avec leurs réglementations et leurs langues particulières. Pour briser les racines de ces populations, la pensée unique inventa un découpage artificiel : le « département ». Une froide administration centralisée l’emporta sur la chaleur des cultures régionales ! Les langues régionales furent interdites, et avec le temps, elles se transformèrent en patois de fin de banquet, les danses devinrent un folklore désuet, l’histoire fut effacée, etc. Souvenons-nous comment, en 1811, Napoléon I° en bon héritier de la Révolution, avait découpé les pays conquis en départements. D’abord, les départements de l’Etat Français, auquel s’ajoutèrent ceux de la Catalogne (quatre départements), puis ceux dépeçant le Danemark, ceux de la moitié des Pays Allemands, ceux qui composaient un tiers de l’Italie, etc. Tout ce beau découpage de 130 départements disparut avec Napoléon : personne n’en a voulu !... sauf en France. Quoiqu’il en soit, l’Etat Français met tout en œuvre pour imposer sa vision uniformisatrice. Il ne sait quoi inventer pour prouver que nous faisons tous partie de la même « nation ». Ainsi, on organise un sondage pour savoir quelle est « la maison idéale des Français » (à Lille, à Brest, à Strasbourg, à Marseille… ce serait la même ?), ou encore « la femme française est-elle la plus élégante d’Europe ? »… « La méridienne verte qui commence à Dunkerque (à deux pas de la Belgique) et traverse la France jusqu’à Prats de Mollo (dans les Pyrénées Orientales, à deux pas de l’Espagne)… « La moyenne en France du montant des cadeaux à Noël », etc. Il serait intéressant de connaître le point de vue des anciens. Soyons prudents, car la Bible est pour certains la source divine, pour d’autres elle est un puits de sagesse. Penchons-nous sur le texte où est évoqué le problème de la « pensée unique ». C’est l’épisode que je vais vous conter. Après avoir observé les hommes, Dieu fut très contrarié car ils s’étaient corrompus. Alors, il provoqua le Déluge. Seule la famille de Noé fut épargnée. Elle fut chargée de mettre en place une nouvelle humanité en appliquant sept règles, appelées Lois Noahides : 1 - L’interdiction de l’idolâtrie. 2 - L’interdiction de blasphémer. 3 - L’interdiction de tuer et de se suicider. 4 - L’interdiction du vol. 5 - L’interdiction des unions immorales. 6 - L’interdiction de consommer un animal vivant. 7 - L’obligation d’instituer des tribunaux. Le temps passa. Dix générations après Noé, un homme rusé et retors appelé Nemrod s’était imposé : il avait réussi à prendre le pouvoir. C’était un homme ambitieux qui avait refusé l’organisation du monde telle qu’elle avait été définie à la fin du Déluge. Par conquêtes militaires, sciences occultes et manipulation de la conscience des gens, il était devenu un roi autoritaire. Dans l’histoire de l’humanité, il est considéré comme le Père symbolique de la Dictature. Et voilà comment, les descendants de Noé se vautrèrent une nouvelle fois dans une mer de transgressions et de profanations. Les humains seraient-ils des êtres incorrigibles ? Une rumeur, habilement proposée en sous-main par Nemrod, s’amplifia : « Il faut une tour ! La plus haute au monde ! » Et la population suivit la décision du « guide ». L’activité fut débordante. Certains hommes confectionnaient des briques en terre, d’autres apportaient du bois, d’autres les faisaient cuire dans un immense four, d’autres les transportaient, d’autres les empilaient, etc. Bref, avec une obsession sans faille, l’énergie des hommes se concentra dans la réalisation d’une œuvre unique, fruit d’une pensée unique. Pour se comprendre, pour être encore plus efficaces, ils décidèrent de n’utiliser qu’une seule langue. Dieu fut très mécontent ! Allait-il décréter un autre Déluge ? Il préféra effectuer une opération préventive. Voici le récit de la Bible : « Ici même confondons leur langage de sorte que l’un n’entende pas le langage de l’autre. C’est pourquoi on nomma la ville Babel parce que c’est là que le Seigneur confondit le langage de tous les hommes et de là, le Seigneur les dispersa sur toute la face de la terre. Les hommes renoncèrent à bâtir la ville ». Babel - et donc la célèbre Tour de Babel - étant le nom hébreu de Babylone. Alors, on pourrait se demander : le remède n’était-il pas pire que le mal ? Certes, ce n’est pas la solution idéale, mais grâce à la multiplication des langues, le totalitarisme tyrannique, que Dieu considère comme le mal suprême, est neutralisé. De cet extrait biblique, nous retiendrons que Dieu est favorable à la diversité ! Malgré tout, de petits despotes peuvent percer çà et là. C’est ainsi que naissent les états temporaires qui s’imposent par la force en se prévalant de quelques valeurs qu’ils prétendent universelles. Je voudrais encore une fois me montrer accommodant. La France fait partie des pays riches : son PIB est le cinquième au monde. C’est une puissance internationale et elle entend jouer un rôle important. J’aime dire avec optimisme que je crois à la liberté, au partage, au respect, à la compassion, etc. autant de bons sentiments que tout être humain est capable de comprendre, de ressentir et d’appliquer. Mais, la France serait-elle moins puissante et moins riche, si elle abandonnait son centralisme proverbial ? Si elle rééquilibrait les richesses de son territoire ? Est-il juste que le PIB par habitant de l’Ile-de-France soit le double de celui du Languedoc-Roussillon ? Ce qui revient à comparer deux pouvoirs d’achat très éloignés l’un de l’autre ! Pourquoi n’accorderait-elle pas une vraie place aux langues « régionales » ? Si l’Etat Français recréait les « régions historiques » en abandonnant les « régions administratives actuelles » qui ne correspondent à rien, serait-elle perdante ? Non, bien sûr. Est-ce trop demander ? Tous les pays voisins l’ont fait. Déjà l’Insee s’est penchée sur la possibilité d’une réunification de la Bretagne avec ses deux villes : Rennes et Nantes (département de la Loire Atlantique). L’Insee a estimé le PIB global : 118,5 milliards d’euros, avec près de quatre millions et demi d’habitants. Malheureusement, en cette période électorale - élection du président de la République – aucun candidat n’aborde, même du bout des lèvres l’un ces points. Tous les problèmes évoqués sont « nationaux » : le chômage, l’insécurité, le logement, les avantages sociaux, etc. Après tout, peut-être ont-ils raison quand « ils » posent les questions : « Un pays décentralisé qui respecterait les langues régionales est-il viable ? Non, ce serait invivable ! N’est-il pas condamné à une mort lente certaine ? Revenir aux anciennes régions… vous n’y pensez plus ! » La Suisse. Nous venons de voir que dans le monde occidental - plus précisément le monde industriel obsédé par le « toujours plus » - l’Etat finissait par imposer son objectif : l’uniformisation. Un court séjour dans la Confédération Helvétique, risque de surprendre toute personne non avertie. Dès la frontière franchie, on ne peut pas dire que ce pays donne l’image d’un pays pauvre et abandonné des Dieux ! Première curiosité : les commerçants peuvent, durant la nuit, laisser à l’extérieur leurs marchandises… elles ne sont pas dérobées. Dès que le visiteur tient dans ses mains un billet de banque, il sursaute ! Il est rédigé en quatre langues ! La Suisse, avec ses huit millions d’habitants sur une superficie de 41.300 km², compte quatre langues : l’allemand, le français, l’italien et le romanche ! « Un bon Français bien éduqué » s’exclamera : « et ça marche ? » Et oui, le système fonctionne. Les fondateurs de la Suisse ont voulu appliquer le principe suivant : le respect des langues va de pair avec le respect des citoyens. Voici l’article 70 de la Constitution Fédérale : 1 – Les langues officielles de la Confédération sont l’allemand, le français et l’italien. Le romanche est aussi langue officielle pour les rapports que la Confédération entretient avec les personnes de langue romanche. 2 – Les cantons déterminent leurs langues officielles. Afin de préserver l’harmonie entre les communautés linguistiques, ils veillent à la répartition territoriale traditionnelle des langues et prennent en considération les minorités linguistiques autochtones. 3 – La Confédération et les cantons encouragent la compréhension et les échanges entre les communautés linguistiques. 4 – La Confédération soutient les cantons plurilingues dans l’exécution de leurs tâches particulières. 5 – La Confédération soutient les mesures prises par les cantons des Grisons et du Tessin pour sauvegarder et promouvoir le romanche et l’italien. * BLOG : aujourd’hui abandonné pour cause de comportement dictatorial des responsables de la plateforme d’Over-blog, qui impose à ses usagers une nouvelle interface peu fonctionnelle, compliquée, qui transforme la page d’accueil, fait disparaître des fichiers au moment du transfert sans qu’il soit possible de rien récupérer. Pour toutes ces raisons, j’ai décidé de laisser tomber définitivement mon blog et de m’exprimer dorénavant à partir de mon site où je suis seule à décider ce qui me convient ou pas. |