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13 novembre 2013 Des socialistes lucides ça existe ! S’il lit cet interview de l’Express, Hollande va encore se demander s’il doit réagir ou pas tandis que Valls, le fer de lance des jacobins, va piquer une grosse colère, Ayrault lui se bornera à afficher sa morgue vaniteuse et le reste du gouvernement regardera ailleurs. Réforme territoriale : le socialiste Queyranne dénonce un "jacobinismesuranné" Propos recueillis par Jacques Trentesaux, publié le 13/11/2013 Président (PS) du
conseil régional de Rhône-Alpes, Jean-Jack Queyranne critique vertement la
future loi de modernisation de l'action publique territoriale qui porte en
germe, selon lui, un danger démocratique. Vous vous insurgez
contre la loi de modernisation de l'action publique territoriale. Pourquoi? Cette loi n'est en rien une loi de décentralisation,
comme on pouvait l'espérer, mais plutôt de confusion territoriale qui va
aboutir à un empilement de structures. Finalement, le seul objet qui émerge de
ce texte, ce sont les métropoles. On laisse de côté la France périphérique qui, selon les travaux du géographe
Christophe Guilluy, représente 60 % du pays. Cette France invisible
ne se sent nullement concernée par cette loi. Tous les maires ruraux que je
rencontre s'interrogent: "Quelle est notre place?" Les métropoles ne
sont-elles pas les moteurs économiques de la France ? Le problème, c'est de concentrer toutes les richesses
sur elles. On est en train de passer à côté d'une évolution profonde du pays.
Pour la gauche, qui détient tous les pouvoirs locaux, c'est grave ! Des
écrivains comme Houellebecq (La Carte et le territoire)
ou Olivier Adam (Les lisières), eux ; ont compris les choses. Il
aurait fallu mener une analyse préalable du territoire. Cela aurait permis de
rééquilibrer le poids donné aux métropoles par une vraie politique
régionale qui est la garantie des solidarités territoriales. On en est resté à
une vision centralisée, avec toujours ce vieux souci du diviser pour mieux
régner. Ce jacobinisme est suranné! Comment analysez-vous la
révolte bretonne ? La crise bretonne est aussi une
crise de la région. Mais parler de "populisme régional", comme
certains l'ont fait, est une erreur. On traite souvent les manifestants de
populistes au lieu de s'attaquer aux réalités. Attention à ne pas entériner
l'existence de territoires de seconde zone ! La loi porte en germe un danger
politique qui peut aboutir à un danger démocratique. Il faut lutter contre
cette rationalité technocratique et financière qui conduit à abandonner des
territoires. Il est urgent de repenser - et repanser - l'Etat.
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