Lundi 7 juillet 2014

DIEU ET LA CATALOGNE

Chaque catalan porte en son coeur sa vision à lui de son pays, la Catalogne, redevenu libre et indépendant après des siècles de servitudes à France et Espagne ... voici ce que j'espère pour mon pays réunifié et libre, chanté magnifiquement par Rafael Subirach dans sa version antique de notre hymne "El Cant dels Segadors" écouter ICI

Je suis consciente qu'il y aura certainement des grincements de dents, des moqueries et des critiques acerbes de la part de la plupart des catalans qui liront ce que j'ai écrit dans un moment, je n'ai pas honte de le dire, de grande exaltation et d'amour pour mon pays au travers de ma Foi en Dieu, l'un à mes yeux n'allant pas sans l'Autre, mais peu m'importe...

DIEU ET LA CATALOGNE   

Les œuvres des poètes, scientifiques, philosophes, artistes et l’ensemble des érudits Catalans reflètent toutes en filigrane, d’un siècle à l’autre, la puissance minérale et l’immatérielle beauté de la Catalogne dont les paysages transcendent l’esprit et l’âme au-delà de la matière.

Llull, le plus grand sans doute des érudits catalans par la diversité de ses œuvres, tour à tour poète et scientifique, navigateur hors pair, Llull considérait que toutes les choses visibles dans la nature libre et sauvage de Catalogne, conduisaient à Dieu. D’après l’écrivain contemporain Joan Maria Pujals, l’œuvre de Ramon Llull reste un compagnon de voyage sur les chemins de la Foi, de la Culture, de la Science et, bien sûr, de la langue Catalane. Au XXe siècle Ramon Llull continue d’inspirer écrivains, poètes et philosophes dont certains vont jusqu’à s’installer et vivre le reste de leur vie en Catalogne, fascinés par cette proximité avec le Divin que nous offre chaque parcelle de cette Terre étrange et belle.

L’Histoire de la Catalogne est d’une richesse inouïe à tous les niveaux de la science, de la littérature, de l’architecture, de la peinture, de la musique alors, pourquoi à l’aube du 3e millénaire, les historiens ont-ils tant de mal à citer la Catalogne et révéler son influence durant le moyen-âge sur tous les pays du bassin Méditerranéen ? Quels que soient les faits d’armes, les conquêtes, les victoires des Catalans sur leurs adversaires il n’est jamais question dans les livres d’Histoires de « Catalogne » ou des « catalans », mais "d’Espagne" et des "espagnols" ! Jamais on ne précise que, par exemple, les almogavares étaient des mercenaires catalans et non pas espagnols comme on peut le lire trop souvent.

Alors ? Faut-il se demander si la Catalogne, tout petit pays brisé il y a plus de 300 ans par un Traité inique, fait peur à ses puissants voisins et surtout : Pourquoi ? Contrairement aux basques ou aux corses, les catalans ne sont pas violents et leurs revendications sont toujours pacifiques, comme le prouvent les nombreuses manifestations pour l’Indépendance que l’on voit depuis 2006 et dont le point culminant sera le référendum pour l’Indépendance le 9 novembre 2014.

Avec les catalans pas de bombes, pas de prises d’otages, aucune violence revendicative. Le Catalan d’aujourd’hui combat pacifiquement, fraternellement, démocratiquement. Dans ses batailles il est question de la "journée des baisers" en Catalogne nord et de "chaîne humaine" en Catalogne sud.

Est-ce dans cette originalité d’opter pour une lutte pacifique dans une société qui ne sait plus s’exprimer que par la violence, que les Catalans font peur ?

Comment ne pas faire le rapprochement avec Jésus Christ, dont le message était celui de la Paix, de la fraternité et de l’amour ? Jésus, que les Hommes ont fait mourir cloué sur une croix, le supplice le plus infâmant de son époque. Celui qui était venu semer la Paix et l’Amour dans le cœur des Hommes en leur révélant que c’était le message de Dieu, celui qui était plus doux qu’un agneau a terrorisé les puissants au point qu’ils l’ont mis à mort comme ils l’auraient fait avec un agitateur sanguinaire.

Ainsi en est-il de la Catalogne qui, réduite à rien et écrasée depuis 355 ans, semble faire peur, une peur irrationnelle, incontrôlable, de ces peurs qui ne s’estompent que dans le sang de celui dont la vulnérabilité et le courage effrayent les bourreaux.

355 ans de sévices divers, violents ou sournois, attaques contre son identité, sa langue, sa culture, négation de son Histoire, la Catalogne aurait dû disparaître après un tel acharnement de l’Espagne et de la France contre elle, mais au lieu de cela voilà qu’elle se relève, elle est debout, elle revendique !

Depuis 355 ans la Catalogne ne cesse de donner à la culture internationale ses plus grands artistes. Pour ne citer que ceux du XXe siècle Dali, Picasso, Gaudí, l’immense Pau Casals et tant d’autres…

Serait-ce fou de voir, dans cette force immense d’un peuple vaincu mais qui n’a jamais oublié qu’il était Catalan et rien d’autre que Catalan, un peuple qui a choisi une défaite comme commémoration nationale, est-il fou de reconnaître là la force et la folie de Dieu ? Ce Dieu de Jésus Christ dont la force aime à se déployer dans la faiblesse et qui juge sage ce qui est fou aux Hommes ?

On ne peut pas évoquer la Catalogne sans évoquer la foi qui a toujours porté ce pays dans ses moments les plus difficiles. Du roi Jaume 1e guidé par St Georges à Gaudi qui fit d’une cathédrale l’œuvre de sa vie, on ne peut pas faire un pas en terre Catalane sans tomber sur un monastère, un oratoire, une chapelle, une église. Les marques de la foi des Catalans sont plantées profondément dans sa terre !

L’émotion des artistes poètes, écrivains, musiciens ou peintres relève de ce sentiment obscur mais affirmé que tant de force et de beauté offerts par la Catalogne, leur Patrie, ne peuvent être le fruit du hasard, mais bien l’œuvre d’un Être omnipotent. Certains le reconnaissent comme leur Dieu et n’ont de cesse de Lui rendre hommage au travers de leurs propres créations, dont ils savent qu’aucune, si parfaite soit-elle, n’égalera jamais l’original.

La Catalogne, terre de science et d’art, terre de contradiction, terre mystérieuse aimée jusqu’à la déraison et sur laquelle l’Homme a planté des centaines d’ex-voto de pierres qui défient le temps, comme autant de prières d’amour minérales de la créature envers son Créateur.

- De l’impressionnant Christ de Sant Joan de la Creu de Dali, qui domine le monde,

- en passant par les fascinantes chroniques de Ramon Muntaner,

- les sublimes poésies de Ramon Llull,

- de l’importance de la croix, ce souvenir concret de la mort du Christ, dans l’œuvre d’Antoni Tàpies,

- aux plaintes du violoncelle de Pau Casal dans le Cant dels ocells,

- des clochers échevelés de la Sagrada Familià, la cathédrale inachevée de Gaudí,

- au savoureux dialogue de Joan Margall avec Dieu, qui s’achève sur un Fiat aussi humble et confiant que celui de Marie devant l’ange…

Chaque artiste catalan, du plus ancien au plus moderne, du plus célèbre au plus obscur, a enrichi non pas seulement la Catalogne mais la vie culturelle mondiale, semblable en cela au Christ dont le message d’amour, 2000 ans plus tard, continue de consoler le cœur des humbles.

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