octobre 2013

     Que cette génération de protitués réapprennent la honte par l'ironie grinçante du poète

              Que cette génération de lâches soit terrassée par chaque mot du poète.

              Que cette génération stupide cherche par quel nom le poète remplacerait aujourd'hui celui d'Hitler.

     

    Poème écrit et joué en janvier 1933 (le jour où Hitler a été nommé chancelier)

     

    L’Avenement d’Hitler : Jacques Prévert

    Braves gens vous pouvez dormir sur vos deux oreilles
    Dormez braves gens Dormez
    Mais…
    Krach… Krach… Krach….
    Les banques de New York baissent leur rideau de fer
    Les braves gens sont debout livides au bas du lit
    Qu’est-ce que vous dites… Je suis mal reveillé
    La bourse de New York va fermer
    Comme c’est près New York. Comme c’est près…
    Câblez… Câblez… Câblez
    Ça va mal au pays de la prospérité
    Ford demeure maintenant au rez-de –chaussée
    S’il se jette par la fenêtre, on pourra peut-être le sauver…
    Ça va mal …
    Le bourgeois pleure des larmes et grince des dents
    Il devient de plus en plus méchant…
    Comme ce grand homme mythologique
    Qui n’était sensible qu’au talon
    Le bourgeois n’est sensible qu’au fric
    Même quand on lui joue du violon
    Il tuerait bien tout le monde pour garder sa maison
    Mais il ne peut pas tuer lui-même
    Il faut qu’on croie qu’il est bon
    Alors il cherche un homme. Comme Diogène
    Alors il trouve un homme au fond d’un vieux tonneau de peinture
    Hitler… Hitler… Hitler
    L’homme de paille pour foutre le feu
    Le tueur. Le provocateur
    On présente d’abord le monstre en liberté
    On le présente aux ouvriers
    « C’est un ami presque un frère. Un ancien peintre en bâtiment »
    Le moindre mal quoi !
    C’est moins dangereux qu’un général
    Un ancien peintre en bâtiment
    Et maintenant
    les quartiers ouvriers sont peints couleur de sang
    Là-bas c’est Hitler.
    Ici. Demain.
    Si l’ouvrier se laisse faire
    Ce sera Tardieu ou Weygand ou un autre
    Travailleurs attention.
    Votre vie est à vous. Ne vous la laissez pas prendre
    Socialistes sans Parti Communistes
    La main qui tient l’outil ressemble à la main qui tient l’outil
    Serrez les poings
    Travailleurs attention. Il faut matérialiser votre haine
    Haïr. Lutter. S’unir. Voilà nos cris.
    Plus que jamais
    Prolétaires de tous les pays Unissez-vous !


     

 

 

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