Vendredi 1 novembre 2013

    PÉAGE *

     J’ai été une écolière dans la décennie 1950. À l’époque on nous décrivait le moyen-âge comme une époque affreuse où les pauvres paysans n’étaient rien d’autres que des esclaves au service du seigneur, maître de tout y compris des champs et des masures qu’il pouvait détruire comme bon lui semblait. L’institutrice affichait une belle image sur le tableau où l’on voyait un seigneur, sa meute de chiens et sa cour en train de poursuivre un cerf et piétiner le champ sous les yeux du paysan, accablé, impuissant, sa famille et lui-même condamnés à la famine. Ensuite, au cours de la leçon qui nous procurait un immense soulagement de ne pas vivre à cette époque lointaine et terrible, la maîtresse décrivait les multiples corvées et obligations imposées au peuple par ce même impitoyable seigneur et, parmi ces obligations, il y avait celle saugrenue à nos yeux, de payer pour traverser un pont, cela s’appelait le « péage ». Nous qui à l’époque avions de jolies routes gratuites du nord au sud et de l’est à l’ouest de l’hexagone, nous trouvions les gens du moyen-âge bien à plaindre. Quel bonheur de ne plus vivre à cette époque dominée par des seigneurs sans scrupule !

    Depuis ma lointaine enfance, on a remis le péage au goût du jour, les seigneurs existent toujours et sont rebaptisés « état », « politiciens », « banques », « Vinci », « Monsanto », « concessionnaires », « actionnaires », « Bouygues », « bourse », « Total » etc… Ces nouveaux seigneurs sont multitudes, comme les démons, bien plus dangereux que les hobereaux de jadis car tels des vampires assoiffés de sang, eux sont assoiffés de toujours plus de Pouvoir. Ils détruisent la Terre et la Vie du futur à seule fin de s’enrichir davantage.  

    Mais aujourd’hui, contrairement à jadis, lepeuple n’est plus ignorant et connaît toutes les ficelles avec lesquelles on veut l’attacher pour mieux le passer à la broche, il se défend violemment au point que parfois les seigneurs du 3e millénaires sont obligés de faire marche arrière… juste un moment, un tout petit moment, le temps que ça se calme. Puis, ils reviendront à la charge et obtiendront ce qu’ils veulent.

    En vérité, avons-nous une seule raison de nous réjouir de ne plus vivre dans les conditions où vivaient nos ancêtres au moyen-âge ?  Pas sûr ...

    * PÉAGE : Droit « seigneurial » toujours et plus que jamais d’actualité,  perçu pour le passage des véhicules, des personnes, des animaux, des marchandises sur une voie publique (route, autoroute, tunnel, voie navigable), un bac, un pont, en vue d'amortir les frais de construction et d'entretien …  et de faire des bénéfices indécents, infiniment supérieurs aux coûts de construction et d’entretien cumulés !!

     

    Article de MARIANNE

    Ecotaxe :

     l’enfant de la privatisation des autoroutes

    Mercredi 30 Octobre 2013

    Emmanuel Levy - Marianne

    Suspendue par Jean-Marc Ayrault face à la colère montante des agriculteurs bretons, la genèse de l'écotaxe est directement liée aux autoroutiers. Dans les deux cas, un même objectif : facturer l'usage d'une route et parfois aussi les mêmes opérateurs.

    Illustration, autoroutes Vinci - MEIGNEUX/SIPA

    Illustration, autoroutes Vinci - MEIGNEUX/SIPA

    Du même auteur

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    Le scandale des péages privatisés

    Chercher la femme, dit le proverbe. En France, pour les nouvelles taxes, mieux vaut chercher du côté des opérateurs de l’Etat, ces agences et autres hautes autorités qui ont pullulé ces dernières années. L’ecotaxe, votée dans le cadre du Grenelle de l’environnement de 2008, répond parfaitement à ce principe.

    Le gros du produit prévu, (1,2 milliard d’euros prélevés sur les transporteurs routiers moins les 240 millions que conservera Ecomouv, la société collectrice) doit alimenter l’AFIFT. Derrière ce sigle se dévoile l’Agence de financement des infrastructures de transport de France. Routes, autoroutes urbaines gratuites, mais aussi lignes à grande vitesse... la liste des courses de l’agence fait d’elle un monstre budgétivore.

    Face à ces milliards d’euros de dépenses, l’Etat avait mis des recettes: l’énorme flux de dividendes que lui procurait la détention des autoroutes. Sauf qu’en 2005, Dominique de Villepin, décide d’encaisser la manne en une seule fois en privatisant le solde des participations de l’Etat dans ASF, APRR ou la Sanef. Une solderie qui permettra d’encaisser 15 milliards d’euros dont seulement 4,7 seront affectés à AFIFT. Ainsi privée de sa rente annuelle, quelques 40 milliards cumulés sur la trentaine d’années de concessions restantes, l’agence se trouve dans l’incapacité de tenir son programme d’investissements. Qu’à cela ne tienne, l’écotaxe y pourvoira.

    Mais la présence des autoroutes dans l’histoire de l’écotaxe ne se limite pas à sa genèse. Car facturer l’usage d’une route, qu’est ce donc sinon un péage, et ça, les autoroutiers savent faire. On les retrouve d’ailleurs un peu partout dans la chaine de l’écotaxe. Ainsi d’Autostrade, le concessionnaire des autoroutes italiennes aujourd’hui montré du doigt pour ses importants coûts de fonctionnement (un Partenrait public privé sur 10 ans). C’est lui à travers Ecomouv, sa filiale française, qui est en effet en charge de la collecte de cette taxe. Moins visibles que Autostrade, les principaux acteurs des autoroutes françaises sont aussi dans ce bateau.

    La raison en est simple, un camion ça emprunte non seulement les routes nationales et départementales sur lesquelles s’appliquent la taxe, mais aussi les autoroutes. Outre Total, il n’est donc pas étonnant de trouver parmi les premières et principales sociétés habilitées de télépéages (ces SHT qui fournissent le boitier embarqué sur les camions pour calculer et facturer la taxe), les sociétés Axxes et Eurotoll. Axxes ? Cette société par actions simplifiée, n’est autre qu’une filiale d’Autoroutes du sud de la France (35,5 % du capital), d’Autoroutes Paris Rhin Rhone (28,10 %), et du Crédit Mutuel (25 %), et se présente comme le leader des SHT. Quant à Eurotoll, c’est le bébé de la SANEF et la SAPN, le troisième autoroutiers Français. Evidemment ces boitiers sont interopérables avec le télépéage sur les autoroutes françaises et certaines de leurs homologues européennes.

    Pour les autoroutiers cette taxe constitue donc un double bénéfice. Primo, et c’est une règle simple d’économie : la facturation de l’usage des routes auparavant gratuit reportera une part significative du trafic sur les sections à péages des autoroutiers. Quitte à payer 13 cts le kilomètre sur une route nationale pourrie, autant payer 50% voire le double sur des routes droites rapides et moins encombrées. Secundo, la généralisation de boitier préfigure celle du télépéage. En substituant des portiques aux casemates de péages où il faut payer en trois huit des agents, les compagnies autoroutières dégagent d’importantes économies et de là augmentent leur marges déjà très confortables.

    Autrement dit, si vous avez quelques économies et que vous croyez que l’Etat ne mettra pas fin à cette folie, il n’y a pas à hésiter : acheter des actions Vinci.

    NB : VINCI grand destructeur de Nature, promoteur de l'aéroport ND des Landes qui nous sommes nombreux à l'espérer, ne verra jamais le jour !

     

 

 

 

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