EL BALL DE LES PABORDESSES

   "El Ball de les Pabordesses" a été créé à Banyuls de la Marenda en 1905, pour récompenser chaque année les quatre jeunes gens et les quatre jeunes filles les plus méritants du village. Bien sûr il fallait aussi être bien de sa personne, prêt à sacrifier de longues heures de loisirs, rares à l'époque, que l'on consacrerait aux répétitions, et surtout ne pas être trop timide.

    La représentation avait lieu le jour de la Festa Major*.

   A Banyuls de la Marenda la Festa Major a lieu le 29 août, et déborde sur les deux derniers jours du mois. C'est la fête la plus importante, même si l'année des banyulencs a toujours été échelonnée, aujourd'hui comme hier, de nombreuses manifestations festives. Mais la Festa Major est un moment à part, cher au cœur de la population car elle marque la fin de l'été, et annonce les vendanges dont chacun espère qu'elles seront bonnes.

   C'est donc pour la Festa Major qu'en 1905 a été créé le premier ball des Parbords et Pabordesses.

    Tout a commencé grâce à un talentueux banyulenc, Auguste Vilarem dit "Crachan" qui était tonnelier de son état, mais avait un don pour la musique. Musicien et compositeur, Crachan a composé bien des partitions qui aujourd'hui encore sont au répertoire de la musique catalane. C'est lui qui a créé la musique  de ce qui allait devenir "El Ball de les Pabordesses", en français "le bal de rosières".

    La chorégraphie est certainement due à ... la société chorégraphique banyulencque créée officiellement en 1907 par Pierre Rossel sous le nom de "Jeunesse Amicale". Cette association a rythmé durant plus de 50 ans toutes les fêtes de Banyuls de la Marenda. L' "Amicale", comme l'appelaient affectueusement les banyulencs, animait avec une extraordinaire efficacité le calendrier ô combien chargé des festivités locales.

    Si aujourd'hui le "Ball de les Parbordesses" n'existe plus, il a eu une importance capitale durant plusieurs décennies dans le bon déroulement de la Festa Major.

    Les quatres couples avaient la charge de l'ouverture officielle de la fête qui débutait par la messe de 10h. Tout le village se rendait à l'Eglise en cortège derrière le Drapeau qui ouvrait la marche, suivi des Pabords en général très émus et on les comprends. La réussite de ce premier jour de Festa Major reposait sur leurs fragiles épaules d'adolescents. Leur prestation devait être impeccable,  aucune erreur, aucun faux pas n'étaient envisageables, tout devait être parfait !

   Et tout fut parfait pendant presque 50 ans, jusqu'à ce que cette tradition tombe dans l'oubli, à l'aube des années soixante, car aucun jeune homme ne voulut plus la danser. Les jeunes filles acceptaient assez facilement, mais à l'époque du yé-yé et des blousons noirs, pas question pour les garçons de se "ridiculiser" devant les copains en gambillant sur un air de flaviol, habillé en catalan et au bras d'une fille pas toujours jolie. L'adolescence est l'âge bête, et sa bêtise est parfois dommageable à toute la communauté.

   Ma mère Margo Aroles et Gaston Barbes, un banyulenc passionné de traditions catalanes en général et de sardanes en particulier, ont bien tenté dans la décennie 70 de relancer le "Ball de les Parbordesses", mais l'aventure n'a duré que deux ans.

    Il y a peu d'espoir aujourd'hui de voir renaître cette danse couleur locale, dont les banyulencs d'un certain âge gardent la nostalgie et que les jeunes  ne connaissent pas.

   Il reste les photos jaunies, et pour les ultimes prestations des films vidéo.

   Espérons qu'avec l'intérêt que les jeunes d'aujourd'hui accordent à leurs racines, à leur langue, et à l'Histoire de leur beau pays Catalan, certains d'entre eux auront à cœur de  reprendre le flambeau d'une tradition exclusivement banyulencque.

    *Festa Major = traduction littérale : fête majeure

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