LA CÒFIA

   La coiffe catalane se compose en deux parties. D'abord on enserre les cheveux dans une étoffe noire, d'une coupe moins élaborée mais à peu près identique à la coiffe de dentelle, de manière à donner l'impression que ce sont les cheveux que l'on voit à travers la fine dentelle blanche.

   Par-dessus ce tissu noir vient se poser la coiffe proprement dite, que les jeunes coquettes portent assez loin du front, peut-être pour prouver qu'elles n'ont pas besoin de tricher avec leur chevelure que l'on peut voir de chaque côté des tempes, sagement lissée en lourds bandeaux.

   Les vieilles femmes au contraire arrangent la même coiffe de manière à dissimuler le plus possible leurs cheveux blancs.

   L'origine de cette coiffe est assez récente. Certainement la seconde moitié du XIXe siècle, à l'aube de l'ère industrielle qui commençait déjà à niveler les sociétés. Par réaction (déjà !), les régions auraient récupéré en les symbolisant par des danses, des fêtes, des vêtements, les traditions vouées à disparaître.

   L'Histoire est un éternel recommencement, car ce mouvement de "survie" culturelle du XIXe siècle faisait écho à un autre beaucoup plus lointain quand, 2000 ans auparavant, le christianisme triomphant s'acharnait à détruire jusqu'au plus petit souvenir de paganisme.

   Des traditions ancestrâles, voire millénaires, étaient impitoyablement balayées au nom de l'ère nouvelle qui se levait.

   Ce que nous appelons "folklore" n'est rien d'autre que la survie d'un mode de vie disparu et sublimé par le temps.

   Il ne nous reste plus qu'à rêver à ce qu'évoque de coutume, aujourd'hui ensevelie dans le néant des mémoires éteintes, la légère et gracieuse coiffe catalane...