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vendredi 4 octobre 2013 Jean-Claude LEFORT Jean-Claude Lefort est Député honoraire, mais il n'a pas oublié et surtout n'a pas honte d'être, comme il se définit lui-même, "Fils de Manouche" avec une majuscule à Fils et à Manouche, signe qu'à ses yeux être "Fils de Manouche" est un titre de noblesse. C'est beau et vrai, voilà pourquoi je publie. Ce message est adressé à Manuel Valls, qui n'y comprendra RIEN, lui qui rougit de ses racines Catalanes. Racines "Catalanes" et non pas "espagnoles" comme l'écrit à tort, c'est sa seule erreur, Jean-Claude Lefort à celui qui a choisi de devenir fils d'un pays qui anéantit le sien, la CATALOGNE, depuis 354 ans.
Manuel Valls "Quand on est de gauche, on n’a pas la matraque en guise de cœur. C’est un Français d’origine manouche qui t’écrit et qui écrit au Français de fraîche date que tu es. C’est un fils de «brigadiste» qui se rappelle à toi. Souviens t’en : «Celui qui n’a pas demémoire n’a pas d’avenir.» Par Jean-Claude Lefort, Député honoraire, Fils de
Manouche. La tribune: Manuel, tu as déclaré hier soir sur BFMTV, que la situation était
très différente pour toi, relativement à celle des Roms, car ta famille
espagnole était venue en France pour fuir le franquisme. Tu as été naturalisé français en 1982. Franco est mort en
1975. Sept ans avant ta naturalisation. Quand tu es devenu français, il n’y
avait donc plus de dictature en Espagne. Tu avais donc «vocation»,
selon tes mots, à retourner dans ton pays de naissance, en Espagne. Tu ne l’as
pas fait et je comprends parfaitement, de même que je comprends totalement ton
souhait de devenir français. Cela sans l’ombre d’un doute. Tu avais «vocation» à retourner à
Barcelone, en Espagne où tu es né,
pour reprendre tes propos qui concernaient uniquement les Roms. Celui qui
t’écrit, en ce moment, est un Français d’origine manouche par son père. Mon
père, manouche et français, est allé en 1936 en
Espagne pour combattre
le franquisme, les armes à la main, dans les Brigades internationales. Pour la
liberté de ton pays de naissance, et donc celle de ta famille. Il en est mort,
Manuel. Des suites des blessures infligées par les franquistes sur le front de
la Jarama, en 1937. Je ne te demande aucun remerciement, ni certainement pas la
moindre compassion. Je la récuse par avance. Je suis honoré en vérité qu’il ait
fait ce choix, quand bien même il a privé ma famille de sa présence alors que
je n’avais que neuf ans et ma sœur, dix-huit. La guerre mondiale est venue. Et les camps nazis se sont
aussi ouverts aux Tziganes. Tu le sais. Mais un nombre énorme de Manouches, de
Gitans et d’Espagnols se sont engagés dans la Résistance sur le sol français.
Ton père aurait pu en être. Il en avait l’âge puisque il est né en 1923.
Georges Séguy et d’autres sont entrés en résistance à seize ans. Je ne lui
reproche aucunement de ne pas l’avoir fait, bien évidemment. Mais je
te demande le respect absolu pour celles et ceux qui se sont engagés dans la
Résistance contre le franquisme, puis ensuite contre le nazisme et le fascisme.
Contre ceux qui avaient fait Guernica. Et pourtant, à te suivre, ils avaient
«vocation» à retourner ou à rester dans leur pays d’origine, ces «étrangers, et
nos frères pourtant»… Manuel, «on» a accueilli la Roumanie et la Bulgarie dans
l’Union européenne alors que ces pays ne respectaient pas, et ne respectent
toujours pas, un des fondamentaux pour devenir ou être
membre de l’Union européenne : le respect des minorités nationales.
Sensible à cette question pour des raisons évidentes, je m’en étais fortement
inquiété à l’époque. En tant que député, je suis allé à Bruxelles, auprès de la
Commission, pour prouver et dire que ces pays ne respectaient pas cette clause
fondamentale. On m’a souri au nez, figure-toi. Et aujourd’hui, dans ces pays, la situation des Roms s’est
encore aggravée. Pas améliorée, je dis bien «aggravée». Et ils ont «vocation» à
rester dans leurs pays ou à y revenir? C’est donc, pour toi, une espèce humaine
particulière qui pourrait, elle, supporter les brimades, les discriminations et
les humiliations de toutes sortes? Ces pays d’origine ne sont
pas des dictatures, c’est certain. Mais ce ne sont pas des démocraties pleines
et entières pour autant. Alors toi, l’Espagnol devenu français, tu ne comprends
pas? Fuir son pays, tu ne comprends pas? Toi, tu ne comprends pas que personne
n’a «vocation» à rester ou revenir dans son pays? Sauf si tu es adepte de
conceptions très spéciales, à savoir que ce qui vaudrait pour un Roumain ne
vaudrait pas pour un Espagnol. Tu sais pourtant que le mot «race» va
disparaître de nos lois. À juste titre car il n’y a pas de races, juste une
espèce humaine. Et les Roms en sont. La fermeté doit s’exercer là où se trouvent les
responsabilités. Pas sur de pauvres individus qui n’en peuvent plus. Savoir
accueillir et savoir faire respecter nos lois ne sont pas deux concepts
antagoniques. Mais quand on est de gauche, on n’a pas la matraque en guise de
cœur. C’est un Français d’origine manouche qui t’écrit et qui écrit au Français
de fraîche date que tu es. C’est un fils de «brigadiste» qui se rappelle à toi.
Souviens-t’en: «Celui qui n’a pas de mémoire n’a pas d’avenir.» Pour l’heure, Manuel, j’ai la nausée. Tes propos me font
gerber, même pire. Nos pères auraient donc fait tout ça pour rien ou pour «ça»? Ils sont morts pour la France, Manuel. Pour que vive la
France. Inclus «ces étrangers, et nos frères pourtant».
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